D'amour
Lorsqu'unêtre meurt, surtout lorsqu'il se donne lui-même la mort, le besoin s'impose pour les vivants de revenir sur le passé. Il y a là une manière de chercher à comprendre ce qui dépasse l'entendement alors que, parfois, l'analyse d'une vie peut faire apparaître la mort comme l'évident résultat d'un parcours.C'est ce que raconte ou démontre le dernier texte de Danièle Sallenave,D'amour. Odette et Pierre (la tante et l'amant de l'auteur) sont mortsà quelques mois d'intervalle. L'une s'est jetée sous un train "parce qu'elle ne voulait pas atteindre les soixante-quinze ans". L'autre s'est laissé mourir de faim à la suite d'une opération "parce qu'il n'avait jamais eu le goût de la vie". Confrontée à ses deux morts, Danièle Sallenave tente d'écrire et par là de s'approprier l'existence et les derniers mois des disparus. Le récit est composé de cinquante fragments clairement autobiographiques. Mais si la justesse de certains propos peut toucher, l'écriture y est trop souvent banale. Certaines pages semblent en effet directement tirées d'un journal intime avec lequel l'auteur aurait très peu pris de distance. Seul le dernier fragment– cité d'ailleurs en quatrième de couverture–échappe à cette règle. On aurait apprécié que l'ensemble fût ainsi.--Isabelle Magnien