Conversations impudiques

Madeleine Chapsal - Edouard Servan Schreiber

Conversations impudiques
224 pages
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Popularité du livre : faible
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Tout commença sur la route. Il est jeune, je l'ai vu naître, il a grandi et il me demande soudain ce que je pense du plaisir. Quel plaisir ? Eh bien, le plaisir des sens ! Figure-toi que j'ai appris à développer le mien et cela me permet de vivre plusieurs orgasmes à la suite sans m'épuiser - comme il vous arrive, non ? Voilà qui m'intrigue...

Et qu'as-tu appris sur les femmes ? J'ai appris comment vous pouviez multiplier votre plaisir... Tu ne seras pas choquée si j'entre dans les détails ? Je tourne la tête pour considérer son profil fin, élégant, tandis que ses yeux restent fixés sur la route. Jusque-là, je croyais savoir où nous allions, mais je me trompais peut-être...

Un jeune homme confie à une romancière qui l’a vu naître ce qu’il a appris sur sa propre sexualité en suivant un curieux cours d’initiation au plaisir en Californie, et l’interroge à son tour sur tout ce qu’il ignore encore du continent féminin. Tendre et scabreux.

Genèse des "Conversations impudiques", par Madeleine Chapsal : "Entre cet être et moi, il existe un lien très fort : je l’ai vu naître. Mais il existe une différence essentielle : il est un homme, je suis une femme. Quant à notre différence d’âge, elle est justement ce qui nous rapproche et avive notre curiosité l’un de l’autre : il a envie de tout savoir, de tout comprendre, déjà sur lui-même, mais aussi sur ce monde étranger que je représente à ses yeux. Il en va de même pour moi : qu’est-ce qu’un jeune homme aujourd’hui ?

Toutefois, quelque chose encore nous différencie : lui a besoin d’expérimenter ; moi, je préfère qu’on me raconte…

Notre commune histoire – ce livre – a commencé au cours d’un voyage vers le nord de la France. Nous partions ensemble passer Noël dans sa famille. Il revenait des États-Unis, je l’interrogeais comme il convient sur ses hautes études dans une université californienne. Au bout de quelques quarts d’heure où je découvrais patiemment, entre autres gentillesses intellectuelles, ce que signifie la notion de "sciences cognitives", mon jeune interlocuteur – qui était aussi mon chauffeur – se tourna brusquement vers moi et me dit :

– Mais ce n’est pas tout ; j’ai également suivi là-bas un séminaire sur la sexualité. En fait, sur la mienne…

– Qu’as-tu appris ? – Plein de choses sur mon plaisir, et d’abord à me masturber. Je croyais savoir, depuis le temps que je pratiquais ; eh bien non ! Ça a commencé par me vexer, mais, à compter de cet instant, un ciel nouveau s’est ouvert pour moi… – Raconte !

Là, nous avons basculé dans un tout autre domaine, une autre forme d’intimité. Avec la franchise qui caractérise les gens bien nés – comme eussent dit Laclos ou Casanova –, avec la simplicité d’un Rousseau entamant une forme littéraire qui allait être une absolue nouveauté pour son siècle - ses Confessions, ce jeune homme m’a parlé, à moi, femme, de ses angoisses d’homme face aux femmes.

Au corps des femmes, au plaisir des femmes – à l’entendre supérieur, enviable, inégalable – comme à leurs orgasmes. Il n’a pas hésité à m’avouer qu’il avait le sentiment de ne pas satisfaire sa compagne, qu’elle lui en avait d’ailleurs fait le reproche.

Et que c’était elle, plus audacieuse – " Mais les femmes le sont souvent ! " – qui l’avait envoyé prendre des cours de sexualité. Des leçons collectives, avec vingt-cinq autres hommes et des initiateurs masculins…

Peur et tremblements : va-t-il se découvrir homosexuel à s’exercer à la jouissance parmi cette phalange d’autres hommes ?

Mon jeune homme – tel est son droit, son choix – n’en avait aucune envie… Voilà que, détails après détails, je me trouvais transportée dans un monde où je n’avais, en principe, rien à faire, pas plus que dans les vestiaires d’une équipe de footballeurs ou de rugbymen… A ce que je croyais, du moins, car