Conversation avec Maurice Béjart
C'est le 5 novembre 1994, au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles que je fis la connaissance de Maurice Béjart et que débuta une conversation qui se terminera en avril 2000. Six ans de découverte, de dialogue sur tout : la danse, la politique, le monde, le sexe, la religion, l'éthique, l'être. De Lausanne à Paris, de Bruxelles à La Haye, Maurice Béjart a accepté de m'avoir à ses côtés pour parler.
Rien ne me prédisposait à entreprendre la rédaction d'un ouvrage sur Maurice Béjart. Je cherche à apprendre de ceux qui accroissent et incarnent la splendeur de ce monde.
Comprendre l'homme à travers son expérience d'homme.
Et puis cette rencontre. "J'ai été piégé par la patience et la curiosité de Michel Robert." Mon piège avait un seul objectif. Faire profiter le plus grand nombre de ces moments privilégiés que j'ai passés avec celui qui aura révolutionné le monde de la danse.
La beauté n'est pas réservée à une élite, tout le monde est sensible au beau et ouvert a l'esthétique. "En dansant hors des vieux théâtres à l'italienne - écrit le critique belge Jacques Franck -, en occupant la cour d'honneur du Palais des Papes à Avignon, en se produisant dans les jardins Boboli à Florence, les ruines de Persépolis en Iran, les salles de fêtes des universités américaines, Béjart est allé à la rencontre de publics de toutes les cultures et de toutes les classes sociales."
L'on n'a pas à comprendre, mais bien à sentir, l'oeuvre de Maurice Béjart. Il y a un souffle qui vous prend dès les premiers pas, les premiers mouvements de chaque spectacle et qui ne se tarira pas jusqu'à la fin. Vous vous lèverez, vous applaudirez, encore et encore... Vous êtes pris d'un sentiment de réel bonheur, comme si l'on venait d'avoir fait l'amour avec effusion et tendresse. Après, l'éphémère reprendra ses droits. Et son mystère.
Ce mystère, celui du sens à donner à la vie, vous le trouverez peut-être dans cette conversation.