Carnets américains, 1835-1853

Nathaniel Hawthorne

Carnets américains, 1835-1853
655 pages
Popularité
Popularité du livre : faible
Notes
Note globale
★★★★★
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4.46
Note personnelle
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À l’origine, les Carnets de Nathaniel Hawthorne n’étaient pas destinés à la publication. Ces textes ne sont donc pas entachés de cette complaisance que l’on trouve dans certains journaux d’écrivains mais au contraire passionnants parce que, à la fois, très inactuels et très modernes.

Inactuels, parce que Hawthorne se révèle, peut-être même davantage que Thoreau, son contemporain et ami, un observateur méticuleux et passionné de la Nature, lorsqu’il contemple, à la manière d’un peintre méditatif, l’écoulement des saisons et des ans. Il en épouse le rythme, soit parce que ses promenades en dépendent, soit parce que, cultivant son jardin, elle conditionne son ordinaire quotidien. Il parvient aussi mieux que quiconque à nous rendre sensible à un rayon de soleil et de lune, à un nuage, à la chute des feuilles comme à la renaissance du printemps.

Parallèlement à cet hymne à la nature, on trouvera aussi au fil des pages comme le laboratoire de ses œuvres romanesques, puisqu’il note avec soin des idées d’histoires, des canevas de romans, des anecdotes, des faits historiques surprenants, des rencontres. Hawthorne entasse les matériaux et exerce son regard en nous livrant des scènes que nous n’oublierons plus : touchantes, telles la maladie de sa mère et les réactions de ses propres enfants ; drôles, tel le dialogue avec un écureuil dans les bois ; tragiques, comme l’histoire bien réelle de l’enfant perdu dans la forêt ; éternelles, comme ses observations sur un lac gelé, un arc-en-ciel, le jeu des rayons de lumière dans les feuilles.

Non seulement, ces Carnets ne vieilliront pas, mais ils sont très modernes, car le regard tragique de Hawthorne montre la vanité de la recherche du bonheur, le caractère inexorable des saisons et du temps — sources de tristesse et de joie simultanément —, tout ce qui marque d’intemporabilité la condition humaine. Prenant le temps de regarder et de méditer sur ce qui est au cœur du rapport entre la Nature et l’Homme, la qualité extrême du regard de Hawthorne — à l’égal d’un Beckett, d’un Gracq ou d’un Le Clézio — fait que, par-delà les années, le lecteur confronte ses propres perceptions, ses propres expériences à celles d’un écrivain américain disparu depuis plus d’un siècle, et qui pourtant est notre contemporain.

Tous les thèmes majeurs de Hawthorne, toutes ses hantises sont là, tantôt vagues ébauches, tantôt fins travaux d’orfèvrerie. Vigoureux, ramassés, évitant presque toujours l’ennui de la démonstration. (J.-P. Segonds.)

Livres de l'auteur : Nathaniel Hawthorne