Boniments
Du libéralisme aux algorithmes, en passant par le burnout, les transclasses et la trottinette, François Bégaudeau livre, à travers les maîtres mots de l’époque, une analyse implacable de l’idéologie bourgeoise.
« Plus c’est plus gros, plus ça passe, dit-on, et cela ne vaut pas pour mes bonimenteurs. Comme l’ordre syllabique l’indique, le bonimenteur n’est qu’à moitié menteur. Un boniment, pour prendre, doit être un peu vrai. Il est un peu vrai que cet écran plat est plat, et plus léger – le portant je le vérifie –, et plus confortable pour les yeux – rivé à lui je suis confort.
« La langue du capitalisme intégré est toujours un peu vraie. Il est un peu vrai que nous autres sujets des régimes capitalistes paradigmatiques sommes libres de nos mouvements. Nous pouvons nous déplacer autant que le permet le prix des transports, c’est à dire notre valeur sur le marché.
« Il est un peu vrai qu’un télétravailleur peut disposer de ses horaires. « Il n’est pas archi-faux que nos élections sont démocratiques. « Les marchands ne mentent pas complètement en disant qu’ils créent de la valeur ou créent de la richesse. Ils devraient juste préciser que cette richesse leur revient.
« La langue du capitalisme ne doit pas être démasquée, elle doit être passée au crible implacable de la précision.
Livres de l'auteur : Francois Begaudeau
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