Bécon-les-Bruyères
Présentation de l'éditeur
Bécon-les-Bruyères est publié en avant-première dans la revue Europe en mai 1927. Le mois suivant, cette monographie tout aussi ironique que poétique d’un no man’s land de la banlieue parisienne, dédiée à Monsieur Eugène Coulon (un architecte de Courbevoie) et illustrée par un frontispice du peintre Maurice Utrillo, paraît chez Emile-Paul frères, dans la collection “Portraits de la France”. L’époque étant à la découverte, nombre d’éditeurs publiaient des récits de voyages. La publicité clamait : “Les textes ont été demandés aux meilleurs écrivains de notre temps”. Emmanuel Bove, avec son incongru Bécon-les-Bruyères, se détachait du littérairement correct. Certains se récrièrent : comment peut-on décrire Bécon-les-Bruyères après tant de glorieuses cités ! On cria au scandale, au mauvais goût, à la provocation. Bécon-les-Bruyères sera cependant épuisé quelques mois après sa parution.
Quand Bécon-les-Bruyères paraît, Bove a vingt-neuf ans et a déjà publié deux romans, Mes amis et Armand, qui lui apportent un succès immédiat. La critique est élogieuse et admirative. On compare le jeune écrivain à Proust et Dostoïevski. A l’automne 1926, fuyant les interviews et les dîners en ville, Bove franchit la porte de Champerret pour aller s’installer dans la banlieue voisine. Ce lieu qui n’existe que par le nom de sa gare est Bécon-les-Bruyères.
Il relève les moindres détails, chronomètre ses déplacements – “La Seine est à six minutes de la gare de Bécon-les-Bruyères”– , questionne les objets avec l’attention d’un archéologue. La ville entière semble être tombée en léthargie, enlisée dans le quotidien, figée dans l’attente. Ses habitants apparaissent comme des silhouettes derrière des rideaux tirés.
Bécon-les-Bruyères : Vous ne connaissez pas Bécon-les-Bruyères ? Vraiment ? Comment ? N’avez-vous pas visité sa gare ? Et aussi… sa gare !
Heureusement pour vous, l’éditeur Émile Paul frères dans sa collection « Portrait de France », après Strasbourg ou Le Vercors, vous a proposé de découvrir Bécon-les-Bruyères sous la plume d’Emmanuel Bove.
Mais, au fait, Bécon-les-Bruyères existe-t-il au bout de sa gare qui dessert, elle, Courbevoie et Asnières ? Certes ! Archétype de toutes les banlieues, Emmanuel lui a donné vie dans ce documentaire-fiction où il la pare de tous nos fantasmes (et des siens) sur la banlieue. « Bécon-les-Bruyères est pour moi le plus grand de tous les textes de Bove. Un texte qu’on doit absolument lire. Il décrit une banlieue mythique et, en même temps, son écriture est absolument modeste. C’est la banlieue absolue. » (Peter Handke, Interview dans Les Nouvelles littéraires, octobre 1983.)
Écrivain prolixe, révélé par Colette, Emmanuel Bove a connu le succès de son vivant, avant de tomber dans l’oubli, et d’être redécouvert par Peter Handke dans les années 1980. Il est né en 1898 à Paris, mais a fait une partie de ses études au Collège Calvin à Genève, puis a vécu à Vienne et à nouveau à Paris, où il est mort en 1945.
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