Ascension et ses petites sœurs, Tosca et Constance, sont livrées à elles-mêmes dans un univers pauvre et hostile où, pour l'éternité, tout est interdit. La gardienne de cet ordre est la mère, dure et répressive. Solitaire, Ascension parle à son cochon et celui-ci devient son confident. Ce qui lui est interdit, elle le rêve pour son cochon. Ascension mue, change de peau, pose des pièges, tente d'en éviter d'autres. Elle est l'appât pour qui le prédateur se révèle. Voilà ce que l'on peut dire de ce récit quand on veut le résumer, sans trop le déflorer. Mais ce qui est difficile de vous restituer ici, c'est le ton unique dont use Séraphine. Dans son amicale préface, François Schuiten y parvient cependant, lorsqu'il écrit : " Quand un livre nous donne cette part d'ombre, qu'il nous révèle les rêves cachés des enfants, et surtout quand il est à ce point nécessaire à son auteur, il prend naturellement sa place dans l'imaginaire des lecteurs.