Alors, les oiseaux sont partis...
On a déjà vu cette pratique classique dans bien des pays: le touriste paie pour délivrer des oiseaux qui mourront de faiblesse ou regagneront leurs cages. Yachar Kemal, le grand écrivain turc, a publié en 1978 ce court roman dont l'action s'étend sur une durée restreinte. En ce sens "Alors, les oiseaux sont partis..." s'apparente à l'art de la nouvelle, quelques adolescents turbulents, un "oncle" sentimental en qui on peut voir sans risque Yachar Kemal, la tentaculaire Istanbul, plus celle des quartiers modestes que de Topkapi.
Ces trois miséreux piègent les passereaux du Bosphore,comme des centaines d'autres, un moyen de survie peut-être dans la multitude byzantine. C'est étonnant comme l'adjectif byzantin s'est dissocié de la réalité stambouliote, jusqu'à une réelle antinomie. Peu de véritable mouvement dans "Alors, les oiseaux sont partis..." mais... des points de suspension.
Des points de suspension qui laissent la part belle au rêve possible, le rêve de ces gamins moqués et moqueurs, dans cette mégalopole où plus personne ne semble tenté de gagner son paradis à l'aide de quelques livres turques pour offrir à ces oiseaux emprisonnés l'air libre de ces deux continents
Indifférence et incompréhension parmi le petit peuple de Constantinople, sentiment de dérision et d'impuissance. Comme une main semble avoir du mal à s'ouvrir.