Mon livre surprise
Vie du Curé d'Ars
En plein dix-neuvième siècle, au siècle de la machine à vapeur et du chemin de fer, sous nos yeux presque, un homme se décide. Il croit. Il s’embarque pour la gigantesque aventure. Et voilà devant les foules soulevées de délire l’âge de l’Évangile qui recommence ! Les enthousiasmes des masses, les guérisons, les prophéties, les miracles.
Qui réalise tout cela ? Le dernier des humbles, un prêtre ordonné par raccroc, un homme qui n’a jamais pu retenir une déclinaison latine ni la grammaire française, qui n’a ni l’intelligence, ni le savoir, ni l’éclat qui fascine, ni l’éloquence qui entraîne, un déshérité de l’esprit. Avec une simplicité enfantine, il établit autour de lui le royaume de Dieu.
Et quelles sont ses armes, ses leviers d’action tout puissants ? Le sacrifice et la foi. Le sacrifice dans ce qu’il a de plus effrayant, de plus absurde en apparence, jusqu’à la discipline, le cilice, les coups de chaîne de fer sur l’échine. Et la foi ! la foi qui fait obéir les montagnes. Ce qui soulève les foules à Ars, ce qui arrache aux plus sceptiques un cri d’admiration, de vénération, de repentir, c’est avant tout la foi qu’on sent chez ce prêtre, une foi formidable, absolue, inébranlable, une foi qui lui fait dire au paralytique : “Jette tes béquilles !”, et qui l’emplit, l’imprègne, le submerge jusqu’à l’étouffer, l’empêcher de parler, ne plus faire de lui, à l’église, au catéchisme, en chaire, qu’une forme qui montre Dieu et qui pleure de tendresse.
Quelle leçon pour nous, pour nous surtout, hommes d’aujourd’hui... »
M. VAN DER MEERSCH