Mon livre surprise
Mon galurin gris
J'ai toujours aimé Cendrars, son cosmopolitisme, sa puissance sans falbalas, son Transsibérien et ses Sept Oncles, sa trogne de nègre suisse dont il serait difficile, même à un artiste des Postes, d'effacer l'éternel clope au bec. Ce recueil d'impressions de voyage lui est un modeste hommage, le « galurin gris » dont il se coiffe est celui que Blaise évoque dans un poème du Coeur du Monde consacré à sa malle de cabine. On y « tourne dans la cage des méridiens comme l'écureuil dans la sienne », passant sans transition ni dessein préconçu du détroit de Magellan à la mer Rouge, de la Gironde à Saigon, d'une tombe égyptienne aux ruines de Kaboul, de l'archipel des Açores à La Havane. Alexandrie y voisine avec New York et la Lozère. Aucune cohérence à attendre, donc, sinon peut-être celle-ci : à chacune des escales de cette pérégrination, on a essayé d'exiger quelque e¬titude des mots, de façon à ce qu'ils composent comme les fragments d'une géographie, autrement dit d'une écriture scrupuleuse de la terre.
O.R.