Les rêves n'ont pas d'âge. Le plus beau reste à venir. Je vais refaire le monde à ma façon. J'ai l'ambition d'écrire et d'être publié. L'un ne va pas sans l'autre. Personne ne m'attend. J'ai tout à prouver. Je n'ai pas le culte du poète rebelle et marginal, qui crève de faim dans sa mansarde sous les toits, se repaît de pâtes cuites, de riz gluant ou de pommes de terre à l'eau, grelotte de froid sur sa paillasse et polit la nuit, à la bougie et à la plume d'oie, en jabot et bas de soie, des poèmes hermétiques et des sonnets impubliables, aux vers abscons et rimes ésotériques, jetés par liasses dans une corbeille remplie à ras bord, et alimentant son feu intérieur plutôt que sa cheminée. Non, je veux être un écrivain qui mène une vie normale, progresse et va de l'avant. Un écrivain qui vit en écrivant et qui est vivant quand il écrit. ».

Patrick Roegiers.

Avec Ma vie d'écrivain, Patrick Roegiers ne signe pas seulement un retour sur la genèse et la réception de ses livres. C'est aussi un véritable chant d'amour à la littérature et aux écrivains, chanteurs, cinéastes et artistes qu'il admire, à Paris, à la France où il vit depuis quarante ans, dont il est à présent citoyen. Evocations, portraits, anecdotes, saynètes (il y a même une micro-nouvelle érotico-burlesque dans une langue époustouflante de vivacité...), ce livre est un feu d'artifice... Très égotiste, bien sûr, mais c'est la règle de son jeu. On s'en amuse, comme d'une sorte de clause de style qui consacre la parfaite légitimité talentueuse de l'auteur. Si son précédent livre, La Vie de famille, était âpre, et parfois sombre, Ma vie d'écrivain est apollinien, ensoleillé. Dans le panorama des écritures contemporaines, il en est peu d'aussi enthousiasmantes.