Mon livre surprise
La nuit du monde
arcel Proust et James Joyce se sont vraiment rencontrés le 18 mai 1922, au Ritz, dans mon roman. L’amour de la nuit, la solitude, l’état déplorable de leur santé, l’insularité de leur personnalité, l’ampleur de l’œuvre, la folie de la langue, mais aussi les phobies (les rats pour l’un, les chiens pour l’autre), l’amour des chansonnettes (ils adorent « Viens Poupoule »), tout les rapproche. Marcel vient de terminer La Recherche, James de publier Ulysse. Un coup de foudre en amitié unit ces deux génies qui se tutoient.
Dans la seconde partie, Proust décède. À son enterrement, au Père-Lachaise, se presse le gotha de la littérature. Homère, Shakespeare, Molière, Diderot, Kafka, Calvino, Barthes... La disparition d’un écrivain contient celle de tous les autres. Et Proust en personne assiste à sa mise en terre. La fiction l’emporte sur le Temps. Les grands écrivains ne meurent jamais.
P.R