Mon livre surprise
Les Romantiques
La mère de Louise, dix ans, quitte la maison pour toujours en laissant un mot sur le frigo : "Louise sait faire marcher la machine à laver... Le nouveau roman de Barbara Gowdy transforme le manque en fabuleux moteur de destin- jusqu'au jour où Louise s'éprend du romantique Abel, jeune musicien qui brûle sa vie dans l'alcool. Dans son nouveau roman, Barbara Gowdy explore les joies et les méandres d'un grand amour. Son sens du détail juste, sa connaissance du fonctionnement de la mémoire (d'éléphant...), son humour et son talent de narratrice hors pair donnent à ce livre (au sujet plus classique qu'Un lieu sûr) une grande force et un suspense auquel on ne sait se soustraire une fois le livre entamé. Abel, jeune homme de vingt-six ans, fils adoptif des Richter, vient de mourir des suites de son alcoolisme. Louise, son amie d'enfance et son plus grand amour, ressent autant de colère que de chagrin. En se remémorant les grandes étapes des quinze années de leur romance, elle tente de comprendre. Lorsque la famille Richter (des Allemands au passé mystérieux) s'installe dans sa rue au début des années 1960, Louise, dix ans, tombe d'abord amoureuse de la mère. Il faut dire que la sienne, "Grace Kelly de banlieue" plus prédisposée aux sarcasmes qu'à la tendresse, s'est évaporée du jour au lendemain sans laisser d'autres traces qu'une impeccable garde-robe passionnément acquise sur catalogue de vente par correspondance et un mot sur le frigo : «Louise sait faire marcher la machine à laver le linge". La petite fille rêve alors de se faire adopter par l'exotique madame Richter aux robes solaires et à la voix chantante. Idée tout à fait réaliste à ses yeux, vu que leur fils unique est lui-même issu d'une adoption ! Un peu plus tard, à force de le rencontrer dans un ravin des environs qui devient le théâtre de toutes leurs découvertes ("premiers crapauds, premières chauves-souris, premiers baisers"), Louise s'éprend d'Abel. Leurs destins respectifs, aussi romanesques l'un que l'autre, font d'eux des êtres qu'on observe et qu'on marginalise dans la cour de recréation. Ils se perdent de vue, se retrouvent mais, malgré une attirance très forte, leur amour ne parviendra pas à sauver Abel. Ce grand roman saisissant et plein. d'esprit, parfaitement agencé entre jeu de miroirs et puzzle évoque tour à tour passé lointain et passé proche. Il tire sa force de conviction d'une impressionnante faculté à faire vivre sur le fil des personnages en manque : manque de mère, manque d'origines, manque de pays, manque de grandeur... Au sein de la petite communauté de banlieue ancrée dans ses bienséances, le regard d'Abel et de Louise apporte fraîcheur et vérité. Attention : grand potentiel de lecteurs et surtout de lectrices.