Ce document est absolument eÎptionnel à deux titres : d'une part, écrit à vif juste après guerre, il relate l'histoire de ces convois de déportés errants de camps en camps dans les toutes dernières semaines du IIIe Reich. Arrêtés par les bombardements, pratiquement pas approvisionnés en eau ni en nourriture, ces trains de wagons à bestiaux bondés ont été, dans une atmosphère de folie, le cimetière de milliers de victimes - et, par définition, il n'y a pratiquement pas de témoignages de rescapés. D'autre part, il se trouve que l'auteur avait été l'un des témoins de cette expérience " prophétique " extraordinaire que Gitta Mallasz a fait plus tard connaître sous le nom de Dialogues avec l'ange, devenu depuis la fin des années 70 un best-seller mondial. Eva Dános en avait côtoyé les principales protagonistes, d'abord dans la fausse usine de costumes militaires où des catholiques hongrois protégeaient ces femmes juives, puis, dans le même wagon plombé où elles sont mortes. Dialogues avec l'ange, emprunt (paradoxalement) d'une philosophie de la joie qui se hisse au-dessus des religions chrétienne et juive, a bouleversé de nombreuses vies, au même titre par exemple que les écrits d'Etty Hillesum. On ne savait que peu de choses sur la fin de ces femmes d'eÎption, on a là le récit au jour le jour de leur abominable agonie. Le document est préfacé par Françoise Maupin, traductrice des Dialogues, et Patrice van Eersel, qui a raconté leur histoire dans le best-seller La Source blanche. Il est postfacé par l'éditeur suisse des Dialogues qui présente une biographie émouvante d'Eva Danos.