Fantaisies Japonisantes est un ouvrage rare à plus d’un titre. Tout d’abord il s’agit du premier artbook de l’illustratrice et écrivain Estelle Valls de Gomis, ensuite il n’a été tiré qu’une cinquantaine d’exemplaires dont seulement 30, numérotés et signés par l’auteur, ont été mis à la vente. On peut admirer 12 dessins colorisés et encrés au marqueurs Letraset Tria. Neuf sont d’inspiration résolument asiatique et trois plus marquées fantastique victorien.

La houpette rose, première illustration, qui sert également de couverture représente une geisha qui se poudre le visage… opus blanc et rose pour l’essentiel, il s’en dégage un côté coquin et solennel à la fois.

Fumeur d’opium, dans des tonalités rouge et blanches, met en scène un dandy qui tient une pipe d’un geste désinvolte. Ses oreilles pointues laissent deviner sa nature féerique, un elfe perdu dans une fumerie d’opium ? à moins que ce ne soit un démon, ou Lucifer lui-même ?

Kimono brodé d’hortensia nous donne à voir une geisha qui se promène dans un jardin. Le vert domine dans cette composition fleurie et nuageuse.

Résolument fantastique, l’esprit des nénuphars présente une fée aquatique posée sur un nymphéa. Elle est maquillée comme une geisha, mais porte les atours d’une aristocrate européenne.

La Geisha rouge est une symphonie rouge et verte de sensualité. Une geisha se dénudant pour aller se baigner nous dévoile dans son dos le tatouage écarlate d’un dragon.

La Sorcière aux cheveux verts semble une carte d’un tarot extrême-oriental… rouge, gris et vert prédominent. Une sorcière est à genoux et fait face au lecteur, les roses qui l’entourent apparaissent peut-être comme ses fleurs fétiches.

Papillon japonais, certainement l’illustration la plus surréaliste de toutes, nous présente une sorte de femme-papillon en tenue traditionnelle faite d’arabesque et de mouvements circulaires.

Le vase rouge, tout en orange et brun, met en scène une geisha qui cache en partie son visage derrière un éventail. Elle s’avance vers un vase à la forme déconcertante d’où sort des branches d’on ne sait quelle plante ou arbuste !

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Le Samurai méditant, dans une habitation typique du japon médiéval, est assis en tailleur devant un immense rosier. Le contraste entre le rouge et le blanc est rendu plus intense par le décorum derrière lui, en forme de lune ou de soleil.

Nu flottant au kimono rouge, autre dessin à la sensualité onirique, nous met face à une superbe jeune femme qui dévoile ses charmes, et notamment celle de sa chevelure noire qui s’étend, se répand sur la surface du dessin et grignote le rouge de la robe et le bleu de l’eau.

L’Odalisque au vitrail, coquine et maniérée, étendue sur son sofa, nous regarde de façon gourmande, complice même. Les teintes et coloris nous rappellent le premier dessin, est-ce la Geisha déshabillée et parée en cocote européenne ? Qui sait ?

L’hiver clôt l’artbook sur une note sereine, pleine de sagesse. Une geisha, les yeux fermés, lourdement vêtue, nous fait face, debout, dans un paysage rouge grenas. Les dernières fleurs de cerisier chutent lentement en son dos.

Chaque œuvre est une invitation pour l’imagination et nos sens à se déployer pour deviner l’histoire de tous ces personnages. Estelle Valls de Gomis avec une économie de moyen et le sens de la mise en scène, après son trait de crayon si particulier, si reconnaissable, nous fait voyager jusque vers l’Orient lointain, et à travers le temps, toujours de façon subtile et délicieuse.

Pour découvrir cet ouvrage sur Calaméo et ainsi admirer les illustrations

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