Mon livre surprise
Ce que je ne peux pas vous dire
D'abord, il y a Nicolas. Avant d'entrer en 6e, il s'était dit : "soit c'est l'enfer, soit c'est top génial". Ce fut un peu des deux. Après, c'est au tour de Quentin, Emma, Lucas de prendre la parole. Eux aussi sont en 6e. Eux aussi sont venus avec leurs rêves et leurs peurs. Comme Nicolas, ils savent déjà parler des défauts d'organisation du collège, donnent leurs idées. Parfois déconcertantes de bon sens, d'évidences. Ils évoquent aussi la "racaille", ces porteurs de marques qui pratiquent quotidiennement le racket. Ils avouent leurs propres bêtises, des petites aux grosses, très grosses, seringues à la clé. "J'aimerais que les parents sachent que la délinquance est forte. Ils imaginent que leurs enfants boivent pas, fument pas, font rien de mal, alors que si." Il y a aussi ceux sur lesquels la violence glisse et ne laisse qu'un malaise en sourdine, dont ils ne sont pas encore conscients. Antoine, lui, est en 5e : "Au début ça craint, parce qu'on a l'impression qu'on va se faire tuer, et en fait on s'habitue." Rachid aussi, 5e, s'est habitué. De même Laura, 4e, Safia, 3e. Et c'est bien là le problème, souligne Sylvie Angel. Elle est pédopsychiatre et ponctue chaque intervention de deux courts paragraphes. Quelques lignes à peine, histoire de laisser tout l'espace aux adolescents. Pour tirer la sonnette d'alarme. Auprès des adultes (à qui elle adresse au passage un ou deux conseils) comme des jeunes. Car c'est à eux que ce livre s'adresse en premier. Il en aidera sans doute plus d'un à mieux communiquer entre eux, à briser les tabous qui brouillent parfois leurs relations familiales ou scolaires. Il permettra aux parents d'interpréter les laconiques commentaires de leurs ados de retour du collège, aux enseignants et à tous ceux qui se sentent concernés par l'éducation de comprendre sans censure tout ce qu'ils ne peuvent pas nous dire. --Laure Anciel