« Faire avec ses mains ce que l'on voit »

Auguste Rodin

« Faire avec ses mains ce que l'on voit »
232 pages
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Faire avec ses mains ce que l’on voit, voilà la loi souveraine. »L’art du sculpteur est d’observation, pas de commentaire, comme l’affirme Auguste Rodin (1840-1917). Pourtant, parvenu à la maturité – et ce n’est pas le moindre de ses paradoxes –, l’artiste se met à écrire et à commenter ; les archives du musée qui porte son nom à Paris rassemblent un impressionnant volume de textes et d’articles, bien souvent jamais republiés, donnés à la presse par le maître au début du XXe siècle. On y lit sa profession de foi « naturaliste », ses réflexions sur la Beauté, son éloge de l’Antique, sa défense des cathédrales gothiques, ses coups de gueule contre la modernité et les mauvaises restaurations, son amour de la danse et du mouvement.

Auguste Rodin (1840-1917), nul ne le conteste plus aujourd’hui, fut le plus révolutionnaire des sculpteurs que l’on ait connus depuis Michel-Ange. Pour cette même raison, il fut aussi l’homme de tous les scandales : pas une de ses œuvres – depuis L’Âge d’airain en 1877, au Balzac en 1898 et au Penseur en 1906 –, qui n’ait suscité, à son époque, une véritable levée de boucliers. Derrière ce Rodin dérangeant, qui bouleversait les soi-disant « canons de l’esthétique », il y a celui qui se réclame paradoxalement de « la tradition », un praticien qui se garde bien de se faire un théoricien : « Quand on travaille beaucoup des pouces, on arrive à se faire, sans le faire exprès, quelques idées générales. Il vaut mieux qu’elles viennent après qu’avant. Y chercher le sens de l’œuvre serait prendre l’effet pour la cause. Tout son effort tend à pouvoir se passer de commentaire. » C’est cet « autre » Rodin que l’on découvre, re-découvre ici, à travers ses articles ou interviews qui, majoritairement, n’avaient, malgré sa célébrité, jamais été repris. Un Rodin qui fait l’éloge de la sculpture grecque, à l’encontre de l’idéal prôné par l’Académie ; qui aussi, à contre-courant, prend la défense de l’architecture gothique. Un Rodin, « naturellement » fasciné par la danse – pour l’étude du corps en mouvement –, et qui n’entendait au final que très simplement transmettre quelques-unes de ses idées, fruits de sa seule et propre expérience. Édition établie par Jean-Paul Morel.

Livres de l'auteur : Auguste Rodin