Vert cruel
" "Mais c'est quoi, papa, la vraie vie ? Il me l'avait dit, répété, vexé que j'aie du mal à suivre : le bonheur moderne est une pitrerie cautionnée par l'argent, le plus goulu des termites. Ecoute, on l'entend grincer... Nous habitions Paris, trou puant, Ben. Des corps humains gisaient sur les trottoirs, morts ou vifs. Nous ressentions pour eux la même sympathie que pour des excréments canins. Nous nous changions en prédateurs. Je m'explique : nous avons atteint notre seuil critique en tant que bons citoyens, et plutôt que d'entrer en divergence nous partons, nous allons au vert, nous naturaliser. Ouvre les yeux, contemple cet océan végétal à perte de vue, respire un peu cet Eden. De l'herbe et du vent." " Une fable écologiste, à la morale inattendue.