Cinq ados d'un quartier pauvre de la mégapole fictive de Mertvecgorod, au tournant de l'an 2000. Victimes socialement prédestinées à la misère, l'échec, la mort prématurée, ils noient leur lucidité dans toutes les drogues possibles et une bande-son punk romantique et rebelle. Quand leur voisine Valentina, vieux travesti à la vie mystérieuse, est découverte assassinée, la petite bande décide d'organiser ses funérailles. Mais sa mort révèle une ombre bien plus dangereuse que leur petite délinquance ordinaire.

Derrière la trame impeccable du roman noir, Valentina est la chronique d'une adolescence et un roman d'atmosphère, celle d'une ville tentaculaire fascinante, quelque part entre le Londres de Jack l'éventreur et le Los Angeles cyberpunk de Blade Runner, transposés dans un post-soviétisme apocalyptique et décadent.

Omniprésente et rythmant le récit, une bande-son aux amphétamines absolument authentique (toutes les références musicales du roman sont vraies) ancre dans le réel la mégapole de tous les excès et réhabilite la musique pop, punk et indus russe des années 1980-1990.

Au-delà d'une écriture, c'est bien une « sensation Siébert » qu'il faut découvrir, un univers organique, poisseux, une ambiance décrépite, totalement hallucinée, une oeuvre miroir sans concession du pire de notre société, mais aussi le choix de faire des victimes, les misérables, ses héros.