Une sorte de vie
Une sorte de vie portait d'abord en sous-titre : «Essai d'autobiographie.» Si le sous-titre a disparu, c'est que le titre lui-même est empreint de l'ambiguïté nécessaire. Dans le même esprit, l'autobiographie s'arrête ici au seuil de la réussite. Si le succès est absent c'est que l'expérience de la difficulté et de l'échec est bien autrement passionnante.
Une vie qui va de soi n'est pas une vie. Et puis l'amour n'est pas seulement lucidité ; il est aussi pudeur.
Une sorte de vie est un livre qu'il faut lire entre les lignes. Greene y parle de choses qu'il avait tenues secrètes jusqu'ici : les ambitions et les hasards qui l'ont conduit à devenir ce qu'il est, les circonstances de sa conversion au catholicisme, comme écrire, tout cela est presque «une sorte de» désespoir pour lui.
Et toutes ces gravités sont dessinées ou évoquées d'un trait si léger, souvent, que l'on pourrait croire à l'esquisse, si l'acuité et l'ironie n'étaient là pour tracer profondément le sillon, en sorte que l'important est la résonance de la phrase. On retrouve la même retenue dans la tendresse voilée qui entoure et protège l'image de ses parents, des premières amitiés, des premières amours.