Un été à Jérusalem
À dix-sept ans, éblouie par le sionisme, une jeune fille réussit à convaincre ses parents, juifs tunisiens exilés à Paris, de refaire leurs bagages pour s’installer en Israël. Mais, Jérusalem ignore la douceur de vivre. Alors, sans hésiter, plantant là les siens, ses idéaux et ce bazar biblique, elle retourne en France à la quête d’autres engagements. Trois ans sont passés. Elle se croit apaisée et revient au pays pour une brève visite. Le temps d’un été. Seule la date a été mal choisie. Jérusalem déchirée par la guerre du Liban, Jérusalem exsangue de ses hommes, lui semble lugubre. Le soleil donne la fièvre. D’emblée, c’est l’affrontement avec les parents : un père taciturne, aigri par ses échecs, une mère soumise, hallucinée par la guerre, deux frères mobilisés quelque part dans les montagnes du Chouf. Avec la mort de la grand-mère, disparaît l’enfance, les épices, le verbe, l’errance. Avec elle s’engloutissent deux mille ans en Terre d’Islam. Viennent alors de tout le pays, les vieux, les boiteux, les bossus, les aveugles, les paralytiques afin de lui ouvrir le ciel à l’aide de sept jours de prières. Échapper à cette incantation, c’est fuir dans la ville, longer ses murailles, pénétrer dans ses entrailles, interroger les textes et se souvenir d’une ancienne prophétie de Jérémie prédisant qu’un jour, Jérusalem deviendrait la prostituée des nations…
" Au-delà de la confession personnelle, c'est le portrait de Jérusalem, ville trois fois sainte, cité carrefour et miroir aux alouettes, qui se dégage avec force.
Jamais cette ville rose et blanche n'avait été décrite avec une violence aussi intime. Le regard que porte Chochana Boukhobza sur Israël aujourd'hui possède la même force. " Gilles Pudlowski, Le Point.