Un cannibale très convenable
Thomas Baudouin, français par sa mère et surtout par sa grand-mère Mado, américain par son père, Papa Dad, est un étudiant heureux de U.C.L.A., fasciné par son professeur de littérature comparée, Richard Baynes, et charmé par son copain noir, Pitch. Son service militaire au Vietnam sera plus qu'un intermède. La guerre, il la voit de loin, presque en touriste, bien installé au service de presse de l'armée américaine. Mais cette guerre, c'est aussi pour lui la découverte de l'horreur, la mort de Pitch, son frère, et une initiation amère au monde des adultes. De retour à la vie civile, Thomas reprend ses études, épouse Kate dont il a un fils, voyage, s'essaie à l'enseignement, rêve une oeuvre littéraire. Il écrit, effectivement, mais dans les journaux. Il quitte les Etats-Unis pour la France où il devient correspondant, et Kate restée à Los Angeles pour Mathilde. Il quitte enfin la presse écrite pour la télévision. Un autre regard sur le monde, sur le Vietnam où il retourne, sur l'Afrique en feu, sur le monde politique, sa pâture de journaliste... il a perdu le temps et le goût du rêve. Du pouvoir il découvre et l'attrait et les compromis. Sais-tu à quoi les gens de ton espèce me font penser ? demande Richard Baynes à Thomas. Au Queequeg de Moby Dick : Malgré tous ses tatouages, c'était, dans l'ensemble, un cannibale très convenable. Tu es propre et convenable, présentable et de bonne compagnie. Mais comme tous les journalistes, tu dévores tes semblables tout crus. Et, tu ne t'en rends pas compte, tu te dévores toi-même.