Triatan Tzara - Oeuvres complètes
Max Ernst à qui naguère on demandait une conférence sur Dada répondit en substance ; « A quoi bon ? Dada était une bombe, on ne va pas s’amuser à en ramasser les éclats ! » Doit-on penser de même pour les textes de Tzara ici rassemblés, qui couvrent, pour l’essentiel, la période de plus grande extension de ce mouvement ? Nous ne le croyons pas. Parce qu’ils sont d’avantage que les témoignages épars et refroidis d’un état de révolte, parce que leur matière brûle encore du feu violent qui les a fait naître.
Assemblés, ordonnés, mis en perspective, ces éléments divers, qui portaient à la confusion dans le domaine esthétique, prennent désormais une dimension nouvelle. Ils portent la voix d’un poète qui très jeune a su que la poésie exprime partout hors des conventions et des genres établis, qu’elle est une donnée vitale.
Tristan Tzara ou l’homo poeticus. Il génère la poésie ou plutôt l’aide à naître paradoxalement par la destruction, la décomposition. L’ôtant de sa gangue, il l’établit sur des principes à jamais indestructibles : l’indétermination, la relativité, l’abstraction, l’unité des contraires, atteignant ainsi l’infracassable noyau de vie.
Henri Béhar.