Traité de la banalité
Y a-t-il expérience plus banale que celle que nous avons spontanément du temps et de la vie ? Mais nous ne pouvons avoir d'expérience du temps que par l'attente; et nous ne nous sentons vivre qu'en nous sentant exposés à la mort. Aussi n'y a-t-il rien de plus banal que temps, la vie, l'attente et la mort pour caractériser l'originaire compréhension que nous ayons de notre existence. Mais parce que notre attente présuppose l'imagination de ce que nous attendons, on ne peut guère séparer l'imaginaire de la banalité de notre existence. Non seulement il gouverne toute expérience du désir, mais encore et principalement du jeu. Ce Traité de la banalité voudrait donc n'être qu'un miroir où chacun pût voir se réfléchir tout simplement l'existence.