The art of Sin City
En imaginant ce style sombre et menaçant pour Sin City, Miller, clairement, s'amuse. Le jeu a une seule règle : image après image, Miller semble se mettre au défi de voir ce qu'il peut abandonner du visuel tout en maintenant sa fonction narrative. Comme exemples de son talent graphique, ses récits orchestrent habilement l'omission. Miller simplifie. " Epure " est peut-être plus e¬t. Il épure les images narratives, n'en distillant que l'essentiel. Tout se passe comme s'il essayait de voir comment le sens narratif peut être suggéré plutôt qu'énoncé en détail. C'est une tactique spécifique, je dirais, à la bande dessinée. C'est un travail qui ne peut pas être pratiqué dans un autre médium aussi efficacement. Le cartoonist est un peu comme le réalisateur. Les deux pensent, créent en termes visuels (en tandem avec le son et/ou un contenu verbal comme on l'admet généralement, mais au fond, essentiellement visuel), mais les images des réalisateurs sont continuellement en mouvement ; celles des cartoonists sont statiques, telles des marques de ponctuation qui identifient les moments clefs dans une action en cours ou le déroulement d'une histoire. Parce que les images des dessinateurs sont fixes, elles restent indéfiniment sous le regard du lecteur. Elles peuvent être étudiées, examinées (pour leur sens et leurs implications). Le lecteur peut porter son attention sur les allusions visuelles contenues dans les images, remplissant les " blancs " d'une scène simplement suggérée par une de ces images qui abondent dans la série des Sin City de Miller