Techno freaks
La population du Griessmühle devient de plus en plus navrante. Les gays trashos, ceux qui fréquentent le Lab-oratory, cette boite scato où des rouleaux essuie-tout pendent sur chaque mur, se font rares, et on voit fleurir des plate-bandes d'étudiant Erasmus en pâmoison après avoir bouffé leur premier ecsta. C'est au Berghain, le fameux club qui a fait sa réputation sur sa sélection élitiste, que le phénomène se révèle le plus flagrant. Quelques années auparavant, seuls les Freaks et les " Vrais " avaient le droit d'y pénétrer, et à présent, on y voit presque que des hipsters déguisés pour le week-end avec l'uniforme Berghain ? body pour les filles, harnais, short et chaussettes montantes pour les garçons. Plus rien pour faire rêver, plus de quoi être fier d'avoir réussi à convaincre le physio à la gueule barbelée, Sven Marquardt. Même ce temple de la techno, possesseur du meilleur sound system de tous les temps, s'est plié au lois de la gentrification. " Pour Goldie et sa petite bande ? une poignée de narcissiques défoncés à un invraisemblable cocktail de drogues ? chaque week-end est un défi. Ce sont chaque fois trois nuits folles à gravir sous l'emprise de l'érotisme et de la GBL, et à dévaler sous l'emprise de l'égotisme et de la kétamine. Au final, au dernier petit matin, certains reprendront la route de leur call-center ? le seul job dont ils soient encore capable ? , d'autres se diront qu'ils en encore temps de tout reprendre à zéro ; et Dorian approchera la perceuse perceuse de son front, à la recherche de son Troisième ?il.