Suzuran
La poterie est indispensable à ma vie. En pétrissant de l’argile avec mes mains puis en façonnant une pièce, j’oublie tout ce qui se passe autour de moi. Et, chaque fois, au moment de sortir mes œuvres du kama, je suis à la fois très excitée et soulagée, comme après un accouchement. Émue par les motifs créés au hasard par le feu de bois, je mûris déjà un nouveau projet."
Dans une petite ville près de la mer du Japon, d’où l’on peut voir les sommets enneigés du mont Daisen, vit Anzu, une femme dans la trentaine qui élève seule son garçon. Divorcée, indépendante, pourvue d’une douceur forte, elle semble imperméable à la cruauté du monde. Le secret d’Anzu, c’est son don pour la poterie. Elle fait des vases prêts à accueillir ces arrangements floraux appelés ikebana, qui signifie « art de vivre des fleurs ». Ce don semble la définir et l’armer contre les épreuves, les peines, les trahisons.
Quelle joie d’assister à la naissance d’une nouvelle pentalogie d’Aki Shimazaki ! Un nouveau cycle s’entame, avec ses personnages intrigants, ses retournements, ses contrastes entre la surface lisse et ce qui se trame dans les entrailles du récit. Suzuran – du nom de cette fleur délicate au parfum entêtant et suave qu’est le muguet – nous invite à connaître Anzu, son fils, ses parents vieillissants, son ex-mari, son futur beau-frère de qui elle rêve secrètement, et surtout sa sœur, séduisante, ambitieuse, ayant tout pour être heureuse, sauf le bonheur d’être habitée par une passion.
Les romans de cette écrivaine font penser à ces boules à neige abritant de petits paysages en apparence naïfs. Mais attention : il suffit de les secouer pour que se lève la tempête.