Sur un banc du Luxembourg
Je suis né sur un banc du Luxembourg, à Paris, au début du printemps 1960. Bien sûr, j'étais aussi né plus tôt : et après ce matin de printemps frais et lumineux à Paris, j'ai encore connu d'autres naissances, certaines faciles, d'autres violentes, mais aucune ne fut aussi décisive que celle-là.
Un des évènement qui avait créé le choc, cette "naissance", c'était l'annonce des massacres de Sharpeville en Afrique du Sud.
André brink, de livre en livre, va désormais poser inlassablement, implacablement, les problèmes fondamentaux de son pays, qui tous, sont issus de l'apartheid, la plus violente manifestation d'intolérance de notre temps.
Dans cette série d'essais écrits au fil des jours, de 1967 à 1982, et souvent en fonction de la circonstance et de l'évènement, un thème central surgit au fur et à mesure que s'affirme la conscience de l'auteur, quelles sont la fonction et la responsabilité de l'écrivain dans la société, en particulier dans une société en état de siège moral et culturel ?
Sous les régimes autoritaires, les deux principaux alliés du pouvoir sont le silence et le mensonge qui sont aussi les alliés de la mort. On ne lutte contre le silence qu'avec la parole, et contre le mensonge qu'avec la vérité.
André Brink va prendre la parole et dire la vérité. Mais il va le faire en tant qu'écrivain en transcendant son expérience individuelle. Si l'oeuvre d'art est un défi à la mort, à toutes les morts, l'écrivain, en devenant mémoire et conscience du monde atteint l'universel.