Sur un air de Piaf
Dans le Paname des marlous, fleurs de pavé et autres traîne-misère, chantait une petite femme vêtue de noir... Sur macadam qui l'a vue naître, comme au fronton des plus glorieux music-halls de France et même d'Amérique, Edith Piaf, ignorant la tempérance et la prudence, aura usé sa vie jusqu'à la corde. De ses idylles trop violentes seront nés des hymnes à l'amour et des vies en rose, de ses blessures profondes des refrains déchirants. Le 11 octobre 1963, quelques heures avant Cocteau, l'ami poète dont elle se réjouissait qu'il passe son temps à dessiner des étoiles sur des nappes en papier, Edith, de guerre lasse, s'éteignait... On croyait tout savoir d'elle, pourtant quarante années se sont écoulées et Piaf reste à découvrir, loin des rumeurs et des affabulations. Feuilleter aujourd'hui le livre de sa vie, c'est se perdre dans les rues de Paris et, accoudé au zinc d'un de ses bougnats, se réjouir du chant de son plus bel oiseau, vibrer d'émotions vieilles comme le monde et jouer les Jean-qui-rit Jean-qui-pleure. Hilarante et intenable, coléreuse et tyrannique, inspirée et douloureuse, diablement imprévisible et infiniment tendre : telle fut Piaf, telle est la vie !