Sade, la terreur dans le boudoir
Il y a un blanc de huit mois dans la vie de Donatien Alphonse François, marquis de Sade. Le 8 mars 1794, le ci-devant marquis, âgé de plus de cinquante ans, pourrissait dans un cachot révolutionnaire lorsqu'on le transféra à Picpus, établissement fort coûteux, à mi-chemin entre la geôle et le boudoir. Qui protégeait Sade ? Fallait-il sauver cet « être que rien ne peut réduire » quand tout l'accablait aux yeux de la Convention ? Qui donc payait pour lui ? Et surtout quelles furent les délices de Picpus ? Alors que la Terreur ensanglantait la France, que « le rasoir national » tranchait chaque jour les têtes, que montait l'odeur du sang, Sade s'amusa à Picpus manille, biribi, aimable société, jolies femmes, jardin, charades, tableaux vivants et bientôt le théâtre de l'irréductible libertin. Encore un peu de plaisir avant la mort... Serge Bramly invente mais il retrouve la vérité violente de Sade. Il mène son ouvrage comme une enquête policières un puzzle érudit, un voyage parmi les écrits du temps, les filles de joie et les députés corrompus, les caprices de son imagination. C'est une illusion de l'histoire, une énigme érotique, le roman sanglant de la Terreur dans le boudoir, où l'on entend presque Sade, triomphant, s'écrier : « Je jouis de tout et ne m'aveugle de rien.