Rimbaud

Edmund White

Rimbaud
199 pages
Popularité
Popularité du livre : faible
Notes
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3.24
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À seize ans, en 1956, j’ai découvert Rimbaud. J’étais alors pensionnaire à Cranbrook, une école de garçons non loin de Detroit, où l’extinction des feux avait lieu à vingt-deux heures. Mais je me glissais hors de ma chambre et gagnais les toilettes, qu’un plafonnier éclairait chichement, pour m’y asseoir si longtemps que mes jambes finissaient par s’engourdir. Je lisais et relisais les poèmes de Rimbaud. Porté par le délire sensuel du Bateau ivre, j’appareillais en rêve pour des contrées exotiques.« Jeune gay mal dans ma peau, suffoqué par l’ennui et la frustration sexuelle, paralysé par la haine de soi, je brûlais de m’enfuir à New York pour m’y imposer en tant qu’écrivain. Je m’identifiais totalement aux désirs de Rimbaud d’être libre, d’être publié, d’avoir une vie sexuelle et de gagner Paris. Il ne me manquait que son courage. Et son génie. Je voulais moi aussi entrer en contact avec des auteurs plus âgés pour qu’ils me tendent une main bienveillante à la façon dont Verlaine avait accueilli Rimbaud. Je voulais moi aussi échapper à l’ennui de mon univers petit-bourgeois pour me livrer à la bohème. Je voulais moi aussi renoncer à mes années d’apprentissage et m’élancer vers les sommets artistiques en prodige. Je voulais moi aussi inciter les hommes à quitter leur épouse pour filer avec moi. »

On connaissait déjà Edmund White comme biographe grâce à son Jean Genet monumental (Gallimard 1993, National Book Critics Circle Award), mais c’est un court portrait de Rimbaud qui nous est offert ici sous la plume intimiste du célèbre romancier et essayiste gay, qui a longtemps vécu à Paris. Si White s’attache tout particulièrement à la relation de Rimbaud et Verlaine, il explore aussi au fil de son récit l’écriture rimbaldienne avec son regard de traducteur (dans l’édition originale il a en effet traduit lui-même les œuvres citées) et une sensibilité qui éclaire l’univers du poète qui « a inventé l’obscurité en poésie ».

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