Récits arc-en-ciel
Avec les Récits arc-en-ciel, William T. Vollmann a voulu décliner le spectre des couleurs humaines, traquer les nuances de violence et de beauté, de gloire et d'ignominie qui rendent si souvent les êtres intelligibles entre eux. Qu'il s'agisse des néons rouges qui saignent sur les prostituées du Terderloin, de cette robe verte dont le narrateur tombe éperdument amoureux ou de l'ardente Fournaise orange dans laquelle sont précipités trois juifs sous le règne de Nabuchodonosor, la quête est souvent la même : celle d'une douleur diffuse ou d'une passion souveraine, qui jour après jour et nuit après nuit donne à un corps sa teinte majeure. Le spectre vollmannien voit défiler les skinheads et les putes de San Francisco, les clochards du Gloden Gate Park et le bandit hindou Joorah Naig ; On y croise un terroriste irlandais, une " radieuse et vibrante princesse des Salamandres ", le Saint-Esprit, des machines rampantes… et Le Zombie, un serial killer qui rôde dans les " lointains bleus ". Tantôt disséquées, tantôt magnifiées, ces âmes perdues forment une tribu impossible qui, sous le plume élégante de William T. Vollmann, accède enfin à la lumière du soleil, de notre soleil.