Quelques ombres
En huit nouvelles, Pierre Charras s'affirme comme un peaufineur de catastrophes et affineur de chaos. Menus et irrémédiables.
On va sur du lisse, évolue en pleine tiédeur, nage en plein calme, puis soudain : l'écharde, la crampe. Le trou de vase. Notre monde est carié et c'est à l'affût de ces instants de rupture qu'il lance sa plume.
Mine de rien, c'est le Rien qui nous accable. Dont acte : un "nid d'amour" qui, d'un coup, perd son charme; une fillette croisée dans le métro; une moliéresque cérémonie des prix; Bruno l'enfant perdu; un corps porté par une houle de douleurs; une nudité fatale, cliquée à Shanghaï. Instants pressants et vertiges intimes.
Bienvenue donc au royaume d'un grand polisseur de malaise et as de la désillusion : Charras ou l'art de miner les bacs à sable.