Répétition du 11 septembre 2001

Dix ans après l’attentat qui a totalement changé la géopolitique, Jean-Claude Bartoll et Eric Corbeyran reviennent sur les événements qui ont conduit à l’avènement d’Oussama Ben Laden. Fait de scènes de flash back et flash forward, cette série raconte à la manière d’une fiction l’histoire très crédible du terroriste n°1 et démonte - sans passer par la case grand complot – tous ses mécanismes, y compris économiques. Passionnant !

Bien avant le crash des deux avions de ligne sur les tours jumelles du World Trade Center de New York, le 11 septembre 2011, le Dijad, la guerre sainte contre les infidèles occidentaux en particulier américains, a commence bien plus tôt et la menace est patente dès 1993. Et Ben Laden aurait alors pu être neutralisé… D’un côté John O’Neil, ancien responsable de la Sécurité du F.B.I. assisté de l’énergique agent Cindy Mayer tentent de prévenir leur hiérarchie de la menace terroriste. D’un autre, le jeune banquier franco-algérien musulman Saïd François Mohammed, fidèle à Ben Laden et intermédiaire pour le Prince saoudien Tarki cherche à amasser un trésor de guerre pour Al-Qaïda. Pendant ce temps, les intérêts politiques et pétroliers avancent leurs pions en Afghanistan pour accéder aux ressources d’hydrocarbures des anciennes républiques soviétiques, en partenariat avec les Saoudiens.

Prévu – comme Empire Usa de Stephen Desberg (Dargaud) – en six épisodes, cette série construite comme un vrai thriller géopolitique et économique à la manière des séries américaines à succès s’appuie sur des enquêtes sérieuses qui démontrent les liens de connivence entre Ben Laden, les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite. Elle met aussi en avant les agissements du clan Bush, de Dick Cheney à Condoleeza Rice, ou encore l’actuel président afghan Hamid Karsai. Même si les épisodes sortent à un rythme rapproché, il est préférable de relire chaque épisode pour s’imprégner de cette riche matière bien orchestrée. Quant au dessin, il a le défaut de la cadence et d’une tendance actuelle d’incruster des éléments de décors photographiés et transformés en dessin sur lesquels s’appuie l’histoire et les personnages. A la longue, cela donne parfois l’impression d’un roman photo. Dommage, car le dessinateur ne manque pas de talent.