Plus noire avant l'aube
Olga leva la tête pour goûter un instant la fantaisie de ces lignes à l’ironie volubile. L’auteur semblait vouloir taquiner la littérature elle-même, comme un pêcheur le goujon. Elle regarda par la fenêtre pour rêver de Paris. Le paysage continuait de lui plaire. Tout lui semblait plus charmant : l’herbe, les maisons des gardes-barrières et leurs potagers, les rivières plus lascives, leurs rives plus moussues, les villages pittoresques… La dernière nuit lui parut durer une éternité. Alors que l’aube se préparait, Olga souleva doucement le store. La nuit se retirait en se faisant prier. »
Les guerres, les exodes ont été leurs terrains d’aventure. La littérature, leur viatique. Les Hartmann n’ont eu de cesse de lui rendre hommage. Ce qu’ils ignoraient, c’est qu’à leur tour ils deviendraient des personnages de roman.
Partant de la correspondance réelle d’une famille de médecins parisiens d’origine russe, l’auteur a bâti une fiction. D’Odessa à Bobigny, Victor, Olga, André, Gabrielle et les autres vont traverser le XXe siècle avec une gracieuse désinvolture. Comme l’entomologiste, on les observe avancer dans la pénombre des tragédies de l’Histoire et des secrets de famille. Et, toujours, recouvrer la lumière.