Petit pan de mur jaune d'après la vue de Delf de Vermeer
On sait que le récit de la mort de Bergotte a été inspiré par un grave malaise que Proust lui-même a eu en visitant, en 1921, une exposition de peinture hollandaise au musée du Jeu de Paume. La Recherche du temps perdu tend à rendre compte de la totalité d’une vie, mais l’aboutissement de cette vie est précisément de commencer à écrire la Recherche du temps perdu. La vie du héros n’y aboutit pas à la mort du héros. Pourtant sa mort s’y trouve inscrite : elle est reflétée par la mort de Bergotte. Si le soleil horizontal par temps orageux, dans la Vue de Delft, détache de façon hallucinante, pour Proust ou pour Bergotte, le « petit pan de mur jaune », la lueur de la mort détache d’une façon analogue, de l’ensemble de la Recherche, le texte inspiré consacré à celle de Bergotte. »
Jean Pavans