Paysage sud-africain
Voici un voyageur anglais - William Burchell - qui, à l'orée du dix-neuvième siècle, parcourt les immensités brûlantes de la colonie du Cap, à l'extrémité de l'Afrique. C'est un peintre amateur ; il cherche un paysage pittoresque qu'il puisse décrire et dépeindre à ses lecteurs. Sait-il que ce qu'il cherche est en réalité un panorama composé pour un œil éduqué par les maîtres du paysage classique tels que le Lorrain ou Gainsborough ? Sait-il que l'idée du sublime, qu'il a emportée avec lui en quête d'autres beautés, est peut-être impropre à restituer les sentiments qui naissent de la lumière, de l'aridité, des solitudes de l'autre hémisphère ?
Coetzee pose la question : à quel risque s'expose l'imagination de celui qui accepte non seulement de quitter ses paysages familiers, mais de s'en défaire ?