Oedipe reine
Réussir sa vengeance n’est pas à la portée de tout le monde, pense Juliette. Il faut l’intelligence d’un savant, la précision d’un archer, la patience d’une taupe. Car, pour se venger, il faut que l’offensé mette l’offenseur à sa place. C’est ainsi que Juliette tentera de se venger de Samuel, son ancien amant. Elle se servira de tout son savoir théorique et pratique en matière de sexe pour que Samuel, qui est un abuseur de femmes, soit abusé à son tour de la même manière. Cette volonté froide, cette démarche rationnelle et analytique donnera lieu à l’intrigue la plus horrible, la plus dérangeante, la plus immorale. Et ce non seulement parce que Juliette, pour être fidèle à son plan, va outrager les piliers les plus sûrs de notre culture sexuelle, mais aussi et peut-être surtout parce que ce personnage, loin d’être une folle, une criminelle, une Autre est une femme dont les raisonnements, la sensibilité, les émotions et même les expériences sont étrangement très proches des nôtres.
À la différence d’autres récits sulfureux célèbres comme ceux de Sade, celui-ci va faire peur, va exciter, va ravager parce qu’il raconte une histoire que chacun d’entre nous pourrait désirer vivre aussi bien en prenant la place de Juliette que celle de sa malheureuse victime.