Notre prison est un royaume
Romans, contes, récits et nouvelles, essais, théâtre, poésie : il est permis d'affirmer que c'est dans cette oeuvre, abondante, riche et complexe, que les historiens de l'avenir iront chercher le vrai visage de ces années du milieu du XX° siècle que Gilbert Cesbron a vécues les yeux ouverts, comme ceux d'aujourd'hui trouvent chez Balzac le plus juste tableau de la France sous la Monarchie de Juillet.
"Écrivain catholique", cette étiquette qu'on lui avait appliquée, Cesbron la supportait mal. Non qu'il ne fût pas catholique, chrétien par toutes ses fibres et de toute son âme, mais il refusait de se laisser enfermer dans une catégorie. Chrétien il était, mais d'abord homme - homme parmi les hommes. Et s'il tint toute sa vie à exercer un métier, ce ne fut pas seulement pour que la littérature demeurât "sa joie et sa liberté", ce fut surtout pour partager quotidiennement les travaux et les soucis des autres. Et s'il fut, et demeurera sans doute longtemps , un écrivain populaire, lu par tous, c'est qu'il aura connu tous les hommes de ce pays, jusqu'aux plus déshérités, et qu'il les aura tous aimés. Car un seul sentiment aura guidé sa vie : l'amour.
Les quatre romans réunis ici appartiennent à l'une des périodes les plus actives de la vie de Gilbert Cesbron : les années 1948-1958 - en 1948, il avait trente-cinq ans. Des adolescents, un prêtre-ouvrier, un juge des enfants, un couple face au cancer en sont les héros. Ces êtres d'amour, de générosité, de souffrance et de doute n'ont rien perdu de leur jeunesse et de leur passion : comme Gilbert Cesbron lui-même, ils sont toujours actuels.