L’enfance difficile, d’un foyer à l’autre, les abus ; les rapports avec une mère malade, absente ; un premier amour aux contours flous, comme fantasmé ; puis la révélation d’une vocation lors d’une séance de pose, pour des photos patriotiques ; le début d’une carrière, le mariage express avec Joe DiMaggio ; les premières absences de la star, ses revirements ; l’incompréhension qu’elle suscite dans son entourage, toujours en attente de quelque chose d’elle ; ses divorces, ses échecs, sa fin dramatique… Adam Braver a choisi la Marilyn la plus touchante, la plus fragile, à travers les moments souvent tragiques où elle se révèle. Fragmentant son histoire, il cerne Marilyn sous différents angles, sans l’étouffer, variant le ton, la perspective. Il reconstitue, en scènes et en images les différentes étapes de sa vie, pour les rendre sensibles, et s’il tente de donner les clés de la personnalité de Marilyn, il parvient à préserver son mystère, son charme tragique, évitant les écueils de la biographie-mausolée. Au gré d’allers et retours entre quelques années, 1952, 1954, 1956, 1960, 1962, chacune correspondant à des moments fondateurs, presque des « visions », avec une poignée de personnages récurrents (la mère de Marilyn, Joe DiMaggio, Frank Sinatra, Arthur Miller), le portrait se complète peu à peu. Il a pour fil conducteur les derniers jours de Marilyn, avec sa « fuite » vers la propriété de Frank Sinatra dans le désert du Nevada, et pour point d’orgue le tournage chaotique des Misfits de John Huston. Une liberté narrative rafraîchissante, un formidable sens du détail, une plongée vertigineuse dans l’intimité et le mystère d’une icône : un texte eÎptionnel.