Louis Vuitton. Une saga française
C’est en 1821, dans un hameau du Jura, qu’une jeune meunière donne naissance à Louis Vuitton. A quatorze ans, quelques francs en poche, l’adolescent décide de monter à Paris. Deux ans de voyage à pied, deux ans d’une existence à la rude. Le baluchon sur l’épaule, le jeune Louis se dirige à grands pas vers son destin hors du commun.Trente ans plus tard, l’apprenti a fondé son affaire de malles et d’emballage de modes. Destitution de Louis-Philippe, guerre contre la Prusse, fuite de Napoléon III, Commune ou naissance de la République, aucun événement ne le distrait du but qu’il s’est fixé : réussir. Et c’est dans les gares, en observant les voyageurs, qu’il imagine les astuces à même de leur simplifier la vie. Il fait un malheur en inventant la malle plate !Avec l’épopée du rail, l’essor de la marine à vapeur, l’expansion coloniale, avec Thomas Cook et ses voyages en groupes, Pullmann et ses wagons tout confort, Worth et sa mode vestimentaire adaptée au voyage d’agrément, Boucicaut et ses nouvelles méthodes de vente, avec les Expositions universelles à la gloire du progrès - Louis Vuitton participe à l’avènement du tourisme moderne et devient un commerçant puissant. En ses ateliers d’Asnières se produisent malles-lits, malles pique-nique, malles à chaussures, à ombrelles, à chapeaux et wardrobes, qui soulèvent l’enthousiasme d’une clientèle aisée.Des salons de l’impératrice Eugénie, dont il fut l’emballeur particulier, aux prestigieux magasins de Londres, Nice, Paris ou Vichy, Louis Vuitton crée sa propre légende, un mythe que ses fils et petits-fils, Georges et Gaston, vont grandir à leur tour. Mais une légende ne fait pas qu’aligner riches heures et succès. Contrefaçons, coûts d’exportation, crises économiques sont autant d’aléas qui fragilisent l’industrie du luxe. Et sous l’occupation allemande, la peur du déclin conduit à de nouveaux marchés… Après-guerre, la légende Vuitton se reconstruit autour de trois mots : luxe, fonctionnalité, innovation. Devise qui vaut encore aujourd’hui, alors que la maison est passée en d’autres mains et a pris un nouvel essor.Le minutieux travail d’historienne de Stéphanie Bonvicini, élégamment nourri de références à la littérature de voyage, aux arts et aux moeurs de l’époque, retrace l’itinéraire d’une famille et d’une marque d’eÎption, qui fête aujourd’hui son cent cinquantième anniversaire.