Lettres de Westerbork
(Het denkende hart van de barak. Brieven van Etty Hillesum, 1982) - Etty Hillesum a vécu dans le camp de Westerbork en 1942 et a été déportée en 1943 en camp de concentration où elle mourut. Etti Hillesum a regardé la réalité et son horreur en face, sans s'y perdre, et a vécu sa liberté d'être jusque dans la mort. Je n'ai d'elle, qu'un livre bouleversant intitulé "Lettres de Westerbork", l'autre "Une vie bouleversée" n'était plus en stock.
Dans l'enfer du camp de transit de Westerbork, cette jeune femme lucide avait trouvé Dieu en elle-même, et cela lui avait donné une force intérieure qui la rendait libre. Le livre "Lettres de Westerbork" peut être lu sans problème par des personnes athées, voire allergiques au mot religion car il n'en est que peu question (enfin selon moi), et bien qu'il relate évidemment l'horreur et les absurdités de la vie dans ce camp de transit, il est aussi nourri des reflexions d'Esther Hillesum.
Quelques extraits de ses réflexions:
"La somme de souffrance humaine qui s'est présentée à nos yeux durant les six derniers mois et continue à s'y présenter chaque jour dépasse largement la dose assimilable par un individu durant la même période. C'est pourquoi l'on entend répéter autour de soir tous les jours et sur tous les tons : "Nous ne voulons pas penser, nous ne voulons pas sentir, nous voulons oublier aussi vite que possible. Il me semble qu'il y a là un grave danger. .... Si nous ne sauvons des camps, où qu'ils se trouvent, que notre peau et rien d'autre, ce sera trop peu. Ce qui importe, en effet, ce n'est pas de rester en vie coûte que coûte, mais comment l'on reste en vie Il me semble parfois que toute situation nouvelle, qu'elle soit meilleure ou pire, comporte en soi la possibilité d'enrichir l'homme de nouvelles intuitions. Et si nous abandonnons à la décision du sort les dures réalités auxquelles nous sommes irrévocablement confrontés, si nous ne leur offrons pas dans nos têtes et dans nos coeurs un abri pour les y laisser décanter et se muer en facteurs de mûrissement, en substances d'où nous puissions extraire une signification, - cela signifie que notre génération n'est pas armée pour la vie...."
Au sujet de la vie infernale qu'elle décrivait dans le camp de Westerbork : "Je conçois qu'on puisse en faire un récit autre, plus habité par la haine, l'amertume et la révolte.
Mais la révolte qui attend pour naître le moment où le malheur vous atteint personnellement, n'a rien d'authentique et ne portera jamais de fruits. Et l'absence de haine n'implique pas nécessairement l'absence d'une élémentaire indignation morale."
"Beaucoup, ici, sentent dépérir leur amour du prochain parce qu'il n'est pas nourri de l'extérieur. Les gens, ici, ne vous donnent pas tellement l'occasion de les aimer, dit-on. "La masse est un monstre hideux, les individus sont pitoyables", a dit quelqu'un. Mais pour ma part, je ne cesse de faire cette expérience intérieure : il n'existe aucun lien de causalité entre le comportement des gens et l'amour que l'on éprouve pour eux. L'amour du prochain est comme une prière élémentaire qui vous aide à vivre. La personne même de ce "prochain" ne fait pas grand-chose à l'affaire..."
Ces lettres sont évidemment pénibles à lire par les faits relatés qui surviennent dans ce camp, mais elles sont aussi empreintes d'amour et de peties joies grâce à la personnalité d'Etty Hillesum