Les Enfers T1 - Les trois clés
Une fresque aux accents apocalyptiques dans une Venise de science-fiction, par deux monstres sacrés de la bande dessinée. Riche, sombre et ambitieux.
Cela commence dans un palais vénitien. Un palais mi-plante, mi-ruine, propice aux clairs-obscurs, chargé d’art et d’histoire, mais aussi de drames familiaux. Le prince Asanti se meurt et, avant de s’en aller, il confie à sa fille naturelle, Saria, un coffret contenant trois clés qui, utilisées sur la Porte de l’Ange, donnent accès, l’une au paradis, l’autre aux enfers, la troisième au néant. La petite a tout juste le temps de s’enfuir, accompagnée d’un domestique dévoué à son père, Orlando, avant que plusieurs personnages n’investissent le palais à la recherche du coffret…
Six ans plus tard, la petite Saria est devenue une femme à la chevelure flamboyante, qui défie le pouvoir sous le nom de La Luna. Ses ennemis recherchent désespérément les clés, tout en ignorant qui les possède : l’ange Galadriel, créature hideuse aux ailes de ptérodactyle ; et surtout le doge de Venise, ecclésiastique mi-homme, mi-machine, assoiffé de pouvoir, qui a besoin d’elles pour asseoir définitivement son emprise morbide sur la ville.
Jean Dufaux joue ici avec de grands classiques : la recherche du pouvoir ; l’enfer et le paradis ; une jeune personne chargée d’une mission bien lourde pour ses épaules, qui lui donnera l’occasion de se révéler ; des gentils au cœur noble affrontant des méchants très méchants et très laids… Le dessin de Paolo Serpieri, classique et fouillé, convient parfaitement à ce qui fait souvent penser à une grande fresque de cinéma : chaque case est un tableau, à la composition travaillée, aux couleurs subtiles ; et si l’ensemble peut paraître graphiquement parfois pesant, on est pris par une intrigue aux ressorts feuilletonesques.