Les hommes s' en vont
Ma vie a déjà eu un sens, un contresens, un faux sens, un non-sens, des absences, et à présent, je suis dans la bulle du zéro, je suis un zéroïnomane. " Ainsi s'exprime le héros de ce roman mélancolique et déchiré. Les hommes s'en vont parce qu'ils sont fatigués, " parce qu'il n'y a que ça qu'ils sachent bien faire ". Notre héros a deux enfants, une femme aimée, un crabe dans les poumons, des suées froides, le gosier en pente et l'envie de fuir. Mais où partir ? Avec son fils Titus, le petit lion de quatre ans, il fugue, dans les rues de Paris, puis les bars enfumés de la banlieue grise où l'on boit des bières mousseuses, il s'endort dans les trains, vers Montpellier, et en sens inverse, vers Saint-Malo, pour voir la mer. Il fuit l'enlisement, la bêtise, le verdict d'un hôpital, le discours mille fois rabâché sur le chômage, les habitudes d'un couple parfois usé et les jouets épars. C'est l'histoire d'un homme qui a toujours déserté. Ecrit en brefs chapitres, le roman d'Hervé Prudon a une beauté noir chagrin. Traversé par des personnages extravagants et comiques, une Russe pulpeuse, un clochard zen qui cite des poètes, un ami nommé Bouton, ce livre à part continue de hanter son lecteur longtemps après qu'il l'a refermé.