Les grandes personnes
Deux couples : Eva et Rudy, Isabelle et Georges. Ils sont amis. Eva et Rudy sont riches etmalheureux : leurs deux enfants, un garçon et une fille, ont disparu pendant des années, et voilà qu’ils reviennent. La fille ne leur a donné aucune nouvelle, elle a erré dans un no man’s land anonyme, elle revient efflanquée, pleine de remords, peut-être est-elle morte. Le fils a quitté Eva et Rudy parce qu’ils n’étaient pas vraiment ses parents : ils l’avaient recueilli dans un orphelinat. Or il loge dans sa poitrine les voix de ses vrais parents, qui ne cessent de le harceler et de l’inciter à tuer ses parents adoptifs, raison pour laquelle il est parti. Isabelle et Georges, eux, n’ont qu’un fils, dont ils sont très fiers, et qui les aime au point de venir les voir chaque soir. Mais ce maître d’école porte un lourd secret : il a violé plusieurs de ses élèves. Le maître tente d’avouer ses crimes à ses parents, mais ils ne l’entendent pas. Lors d’une réunion de parents d’élèves, la mère d’un garçon vient leur annoncer que son fils a été victime du maître, mais là encore personne ne veut entendre la vérité. La mère essaiera de forcer le maître à demander pardon à sa victime, mais il s’évanouira dans l’air avant de l’avoir fait. Et l’on apprendra que si la fille d’Eva s’est livrée à l’errance, c’est parce qu’elle avait deviné que son père n’était pas Rudy, mais Georges… Chacun traîne son secret, et quand il parvient à l’avouer personne ne veut l’entendre. La pièce, d’une grande force, a quelque chose d’implacable et de féroce, malgré la douceur accablée des propos, et la fin suspendue nous laisse avec des regrets qu’on ne sait pas nommer. On retrouve ici l’univers familier de Marie NDiaye, ses ambiances inquiétantes et tourmentées, son humour grinçant par petites touches inattendues.