Les enfants de fortune
René Jaune loue des enfants à des gens qui n'en ont pas. Commerçant tranquille, on s'imagine qu'il monte dans le plus grand secret une école de mime ou de théâtre, ses dix-neuf pensionnaires n'ont l'air de manquer de rien.
« Il faut bien qu'ils plaisent à la clientèle » se dit le vieux collectionneur. À sept heures, l'enfant loué pour quelques heures par ces parents de fortune sonne à leur porte pour les appeler « Papa et maman », leur dire « Je vous aime. »
Pourquoi ce marché sordide, ces parents provisoires ? René Jaune ne se pose pas de question. Il n'admettra jamais qu'à force d'incarner les enfants des autres, ses pensionnaires finissent par se découvrir d'autres parents, plus ou moins estimables...
--Ce texte fait référence à l’édition
Poche
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