Les cris
Il s’agit d’une rupture. En d’autres termes, d’une formalité.
Un beau jour, Adam montre les premiers signes de faiblesse: «J’aime être avec toi, j’aime rire, vivre, dormir avec toi, j’aime faire l’amour avec toi. Mais je ne sais pas si je t’aime.»
Il est à abattre, pense-t-elle, puisque, la fuyant, il ne tient pas les promesses de l’amour.
Aussitôt, sa perception se trouble mais elle refuse que la douleur organise l’émotion; l’utiliser à autre chose, oui, employer la destruction du sentiment à la construction du livre. Elle ne revient pas sur l’idée qu’elle aime les ruptures et fabrique le drame de toutes pièces. À vivre, l’échec est contraignant. À écrire, le voilà utile. Spirituel. Excitant.
Le lecteur entre alors dans la tête d’un écrivain. Il passe à la lessiveuse. Avec ce couple qui se sépare, il découvre l’écriture comme méthadone du sentiment.
Claire Castillon est l’auteur de huit livres traduits dans dix-sept pays.