Les aveux, même sincères, sont toujours infidèles.

Langage, mémoire, inconscient rusent et trahissent celui qui veut se montrer tel qu'il est et jouer au jeu de la vérité.

D'où le titre de ce récit vécu où l'auteur raconte l'aventure intérieure qui l'a conduit du Quai d'Orsay à la vie des bois, de la foire aux vanités à l'inquiétude religieuse, de l'amour de soi à l'amour. Dans l'élan de la jeunesse, pris par l'agitation de la vie, se préoccupe-t-on sérieusement de savoir si l'âme meurt avec le corps ou s'il existe quelque principe supérieur qui la sauve de l'anéantissement ? Souvent, seul le désir de ne pas se voir séparé à jamais d'un être cher suscite ce besoin de croire à ce que même les mécréants finissent par appeler Dieu.

De l'indifférence à son contraire, de l'amour de soi à l'amour d'autrui, voilà le double itinéraire que Jacques de Bourbon Busset entreprend de relater dans ces aveux qu'il dit infidèles puisque les mots, parfois, se chargent d'un sens différent selon les êtres et risquent ainsi de trahir sa pensée.

Chaque étape de son existence se présente avec son poids de souvenirs et de réflexion : l'enfance et ses images agrestes, la jeunesse sur qui a pesé l'influence du philosophe Alain, la guerre la mort des siens, la lente agonie de J., le mariage et les ambitions réalisées puis, soudain, l'intuition de ce que doit être une vie digne de ce nom, la découverte de la tendresse et de la paix des champs.

Le ton discret et sincère, le style limpide qui détruit les équivoques donnent la mesure de l'homme dont ces aveux sont l'autobiographie spirituelle.

(Quatrième de couverture de l'édition Gallimard 1962)