Le triomphe de l'oeuf
Sherwood Anderson déploie tout son talent de conteur dans ce recueil de vingt-neuf nouvelles sélectionnées dans ses oeuvres complètes et parfaitement représentatives de son univers. Observateur hors pair de la vie sociale, il pénètre avec clairvoyance et précision jusqu’aux tréfonds de l’âme de ses personnages. Ces courts récits racontent souvent, sans tabous ni détails superflus, le quotidien d’hommes et de femmes issus de milieux sociaux défavorisés. De petites gens, certes, mais à la psychologie complexe et torturée ; des personnages en quête d’accomplissement dont le désir n’est jamais assouvi. Les nouvelles possèdent également un côté plus lumineux : l’auteur évoque sa propre vie de vagabond, son désir d’ailleurs et de voyage, cette perception aiguisée que l’on développe quand on est étranger dans une ville ou un pays. La plupart des histoires ont d’ailleurs une forte dimension autobiographique, et sont le plus souvent écrites à la première personne. Bien que le recueil se caractérise par une forte unité stylistique, chaque nouvelle est différente des autres, et se déguste rêveusement, comme Telle une reine, qui parle d’une femme qui a connu beaucoup d’hommes mais a compté d’une manière particulière dans la vie de chacun, et Le triomphe du moderne, dont le protagoniste est un peintre raté qui écrit une lettre extraordinaire à sa vieille tante malade, et se retrouve désigné héritier de sa fortune par la simple puissance de ses mots…
Romancier, dramaturge et surtout nouvelliste, Sherwood Anderson est né en 1876 et mort en 1941 aux États-Unis. Ses nombreuses nouvelles mettent en scène la vie des petites gens dans l’Amérique et à travers le monde de la première moitié du XXe siècle. L’auteur y pose un regard critique sur les tabous et les mythes de la société américaine puritaine. Sherwood Anderson a influencé l’oeuvre de grands romanciers américains comme Hemingway, Faulkner ou Steinbeck.