Le singe grammairien
En abordant ces pages, j’avais décidé de suivre à la lettre la métaphore du titre de la collection : Les Sentiers de la création, et j’avais pensé écrire (tracer) un texte qui effectivement fût un chemin et qui pût être lu (parcouru) en tant que tel. Le chemin que j’avais choisi mène à Galta, une ville en ruine dans les environs de Jaipur, au Râjasthân. À mesure que j’écrivais, le chemin de Galta s’effaçait ou bien je m’égarais et me perdais en ses défilés. À plusieurs reprises il me fallut revenir à mon point de départ. Au lieu d’avancer le texte tournait sur lui-même et à chaque tournant se dédoublait en un autre texte, à la fois sa traduction et sa transposition : une spirale de répétitions et de réitérations qui ont abouti à la négation de l’écriture comme chemin. Je me rendis compte que mon texte n’allait nulle part, sinon à la rencontre de soi-même. Je remarquai également que les répétitions étaient des métaphores et les réitérations des analogies : un système de miroirs qui, peu à peu, révélaient un autre texte. Dans ce texte, Hanumân – le singe grammairien, le seigneur des signes et lui-même une configuration de signes sur la page – contemple le jardin de Râvana comme une page de calligraphie.
Con circa 70 ill. in nero e a colori anche a piena pagina 8vo pp. 168 broch